« ON PEUT JOUIR LORS D’UN VIOL, JE VOUS SIGNALE. »

Mardi 16 janvier 2018

 

« « ON PEUT JOUIR LORS D’UN VIOL, JE VOUS SIGNALE. » »

 

Aujourd’hui, j’aurais une question à poser à Brigitte Lahaie. Elle relève de l’intime mais me semble intéressante après la sortie de route qu’a faite l’actrice de pornographie mercredi 10 janvier alors qu’elle était invitée à débattre, pour faire écho à la tribune signée par cent femmes dont Catherine Deneuve lundi 8 janvier 2018 dans Le Monde, avec la militante féministe Caroline De Haas, qui avait rédigé une « contre tribune » sur le site de France Info où elle démontait un à un les arguments du texte du Monde, sur les violences faites aux femmes et la manière de redonner à celles-ci la puissance de leur corps dans l’émission News et Compagnie, animée par Nathalie Lévy, sur BFMTV. « Avez-vous déjà été personnellement été violée, Brigitte Lahaie ? »

L’interrogation est brute mais c’est Brigitte Lahaie elle-même qui m’invite à l’interpeler, elle qui avait répondu aux propos de Caroline de Haas, victime elle de viol, « Il y a un truc très simple, c’est d’arrêter les violences, affirme alors Caroline De Haas. Parce que les violences, elles empêchent la jouissance. Quand vous avez été victime de viol, vous jouissez moins bien en fait, en général. », par : « On peut jouir lors d’un viol, je vous signale. ».

Comment une femme peut-elle tenir de tels propos ? ! A une période où la France entière dénonce le viol comme abjecte, n’est-ce pas vouloir nager à contre-courant ?

« C’est malheureusement une vérité », a affirmé Brigitte Lahaie dans une interview accordée à l’émission « L’Invité » sur TV5 Monde diffusée vendredi 12 janvier. « J’aurais peut-être dû ajouter ce « Malheureusement », ce qui rend souvent la reconstruction encore plus compliquée, d’ailleurs. Evidemment que je ne l’ai pas dit pour blesser. » a-t-elle ajouté avant de fondre en larmes en évoquant sa douleur face aux attaques qui l’ont visée, s’estimant « incomprise »…

Certes, des études scientifiques lui donneraient raison (l’orgasme peut se produire de manière mécanique sans signifier, bien sûr, que la victime ressente le moindre plaisir que ce soit), mais est–ce une raison pour le déclarer ? Si Brigitte Lahaie avait subi un tel drame comme l’est un viol, ça m’étonnerait qu’elle aurait tenu de tels propos !

Mais, malheureusement, Brigitte Lahaie n’est pas la seule à avoir ainsi dérapé. La phrase est passée inaperçue lorsqu’elle a été prononcée par l’auteure Catherine Millet, rendue célèbre avec son livre « La vie sexuelle de Catherine M. », également signataire de la tribune du Monde, avait fait une sortie pour le moins surprenante le 5 décembre dernier sur France Culture : « Je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée parce que je pourrais témoigner que du viol on s’en sort » (…) « Ça m’est arrivé d’avoir des relations sexuelles avec des gens qui ne me plaisaient pas spécialement. »

Catherine Millet n’a-t-elle pas l’impression de faire injure aux victimes de viol ? A–t-elle seulement pris le temps de discuter avec une victime de viol ? Pour avoir été attentive à un témoignage au moins, sait-elle la peur indescriptible que ressent une femme tout au long de ces interminables minutes au cours desquelles sa conscience s’évade loin de son corps qui, à cet instant précis, ne lui appartient plus ? Catherine Millet sait-elle qu’une vie ne suffit généralement pas à une femme victime de viol pour se reconstruire et que la peur des hommes les hante pendant de très nombreuses années, au minimum ? 

Cher fidèle lecteur, chère fidèle lectrice, je vous remercie d’avoir consacré quelques minutes de votre attention à la consultation de cet article, prenez soin de vous comme de ceux qui vous témoignent de toute leur affection et au prochain « petit papier »… !

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »,

Ce n’est que mon ressenti

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