SEULE EN TETE-A-TETE FACE A « MADAME » SIMONE VEIL

Dimanche 30 juin 2024

Très chère « Madame » Simone Veil,

C’est dingue comme certaines coïncidences peuvent être à peine croyables. Alors que nous commémorons, ce 30 juin 2024, le 7^ème « anniversaire » de votre disparition, nous, vos compatriotes, sommes à nouveau appelés aux urnes pour donner notre confiance à nos « représentants » qui porteront notre voix à l’Assemblée Nationale.

Ainsi, après une large victoire de Bardella avec 31,37 % aux élections européennes, Emmanuel Macron n’avait pas d’autre choix que de dissoudre une Assemblée Nationale. S’il ne l’avait pas fait, il se le serait vu reprocher, l’hémicycle n’ayant plus été « représentatif » du peuple français.

Il n’est pas indispensable ni même nécessaire d’être devineresse pour savoir ce qui sortira dimanche prochain de ces élections législatives anticipées qui se jouent en deux tours. Bardella était donné grand favori le 09 juin, cela n’a donc pas loupé… Malheureusement, il est donc à craindre que les élus de « sa famille » politique raflent plus de sièges encore qu’en juin 2022 (89). A moins qu’il n’ait un sursaut national, comme en 2002, lorsque le Front National était passé au deuxième tour des Présidentielles pour la première fois… Aujourd’hui, puisque nous savons qu’on y aura droit, la question est : « Qui pourrait battre à l’extrême droite ? »…

Ces élections législatives sont beaucoup plus importantes que ce qu’on croit. Ce sont ces résultats qui nommeront le prochain Premier ministre… Qui a autant de pouvoir que le président, avec qui il forme un véritable couple. Je ne vous cache pas, « Madame » Simone Veil, que tout cela m’évoque une autre époque, celle où « le vieux » fut rappelé au pouvoir… Alors que « le héros de Verdun » avait toute la confiance de ses compatriotes pour foutre l’ennemi juré du pays dehors, Pétain a serré la main du diable en personne, scellant ainsi le destin des Juifs de France…

Au soir du 07 juillet, le fascisme entrera-t-il à Matignon puis, à terme, en 2027, à la fois à Matignon et à l’Elysée ? Ai-je raison de penser que le discours du Front National se veut plus polissé pour séduire plus de sympathisants lassés et déçus des différentes politiques successives et ne serait qu’une vitrine qui se briserait à son arrivée au pouvoir pour révéler enfin son véritable visage ? Hier, le nom de « Le Pen » terrorisait… Aujourd’hui, il se veut plus jeune, « rassembleur ». La nouvelle génération n’a pas fait la guerre et le nouveau visage du FN est beau, on lui donnerait (presque) le bon Dieu sans confession.

Aux élections européennes, avec 35.97 % des suffrages, Bardella est arrivé en tête à Oradour-sur-Glane à la veille des commémorations du 80^ème anniversaire du massacre du 10 juin 1944… 35.97 %, c’est énorme. Comment Oradour-sur-Glane en est-il arrivé à voter pour l’extrême droite ? Enfin, s’il y a une seule commune où le parti de la haine ne devrait comptabiliser aucune voix, c’est bien Oradour-sur-Glane ! Une question mérite d’être posée : si la voix de Robert Hébras ne s’était pas éteinte le 11 février 2023, ses concitoyens radounauds auraient-ils osé glisser un bulletin « Bardella » dans leur enveloppe, seuls avec leur conscience cachés derrière le rideau de l’isoloir ? Depuis, les Radounauds sont censés être les passeurs de Mémoire d’une Histoire qu’ils doivent s’approprier… De génération en génération. Aussi terrible que cela puisse être, la première phrase que les petits Radounauds devraient apprendre serait l’ordre inscrit à l’entrée du village martyr : « SOUVIENS-TOI ».

Je n’oublie pas non plus Auschwitz. Evidemment. L’épreuve de votre vie. Là où tout a commencé pour vous alors que tout devait se terminer, à l’âge de 16 ans, où vous avez été tatouée comme du bétail du 78651… Un matricule que vous n’avez jamais voulu effacer, preuve indélébile et incontestable de votre déportation. A l’occasion du 78^ème anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination nazi, le 27 janvier 2023, Bardella avait osé poster sur X : « Il y a 78 ans, les Alliés libéraient le camp de concentration d’Auschwitz, et mettaient au jour une barbarie indicible. Soyons toujours sur nos gardes, pour que jamais cette mécanique de déshumanisation antisémite et cette folie génocidaire ne puissent se reproduire. »… Et dire qu’il réussit son plan diabolique en faisant croire à ses électeurs qu’il est sensible à la Shoah alors que je reste convaincue qu’il n’en pense pas moins.

Nous savons ce dont l’extrême droite est capable et nous serions prêts à lui donner démocratiquement le pouvoir ? « Nous n’arriverons plus à ce point d’horreur » sont déjà convaincus certains… Comment peuvent-ils en être aussi sûrs ? Ont-ils ce super pouvoir de pénétrer dans les méandres des cerveaux de ceux de l’extrême droite ? Le XX^ème siècle fut le siècle des génocides. Trois en moins de cent ans : les Arméniens en 1915, les Juifs de 1942 à 1945 et les Tutsis en 1994. Je refuse de prendre le risque que cela recommence. Offrir le pouvoir à l’extrême droite est une véritable folie, une véritable menace pour l’ensemble des droits déjà si difficilement acquis. L’inscription de la loi qui porte votre nom dans la Constitution le 08 mars dernier rendra, au minimum, plus difficile toute modification ou abrogation de votre texte. C’est un secret de Polichinelle : si vous haïssiez l’extrême droite, le FN vous le rendait bien ! Il faut dire que, par votre statut de témoin français, vous représentiez la preuve que la Shoah, les chambres à gaz ont véritablement existé.

Nous sommes en 1979 et la campagne des élections européennes déjà bat son plein. Alors que vous conduisait la liste de droite, l’un des meetings que vous tenez dans le nord de Paris est perturbé par des militants du Front national qui militent pour « la liberté d’expression ». Parmi ceux qui vous invectivent, un certain Jean-Marie Le Pen. Avant de vous éclipser avant qu’une violente bagarre n’éclate, vous aviez tenu à répondre à ces perturbateurs d’extrême droite : « Vous ne me faites pas peur. J’ai survécu à pire que vous. Vous n’êtes que des SS au petit pied. ». Votre phrase est restée dans l’Histoire.

Pour que l’Histoire ne se répète pas, plus jamais, vous étiez convaincue, vous qui aviez été victime d’une barbarie humaine sans précédent, qu’il était indispensable que les pays s’unissent. Ensemble, on ne peut qu’être plus fort. Méfions-nous de ceux qui revendiquent fièrement leur volonté de s’isoler comme le Front National. Le nationalisme, le repli sur soi n’apportent jamais rien de bon. L’Europe. Ce fut l’autre combat de votre vie, avec l’interruption volontaire de grossesse. Peut-être même le plus important. Le 17 juillet 1979, quelques semaines après les premières élections européennes au suffrage universel direct qui s’étaient tenues entre le 07 et le 10 juin précédents, vous êtes élue présidente du Parlement lors de la première session. Ainsi, entre 1979 et 1982, vous avez été la première femme présidente du Parlement européen. Depuis, une seule autre femme reçut la confiance de ses collègues, également Française : Nicole Fontaine (1999 – 2002).

Je ne suis pas une très grande femme politique. Moi, mon truc, c’est la langue. Je suis une grande amoureuse de la langue française. Le joyau de notre pays ? Sa langue. Bien sûr, je dirais que la plus belle langue du monde est le français ! Néanmoins, il n’existe qu’une seule langue universelle pour faciliter la communication entre tous ceux qui n’ont pas la même langue maternelle : l’espéranto ! Si le monde entier se mettait à apprendre uniquement l’espéranto, en plus de notre langue maternelle, les peuples pourraient mieux se comprendre, se respecter et il y aurait peut-être moins de guerres… Peut-être… Mais, je crains que je n’ai été la seule à donner ma voix à Europe Démocratie Espéranto aux élections européennes… La haine est plus populaire que voulez-vous !

Ainsi va l’actualité en France ! Un joli bordel ! J’espère au moins que de là où vous êtes, vous n’y assistez pas !

Avec tout mon plus profond respect très chère « Madame » Simone Veil !

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »