SEULE EN TETE-A-TETE FACE A « MONSIEUR » BERNARD PIVOT

Mardi 14 mai 2024

Cher « Monsieur » Bernard Pivot,

Alors, ça y est, le 06 mai 2024, vous avez tourné votre dernière page et refermé le livre. Votre livre. Définitivement. Bien sûr, cela devait arriver… A 89 ans, tout de même, ce n’est pas vraiment une surprise mais bon, la disparition d’un passionné de littérature fait toujours un petit quelque chose au cœur d’une folle de livres.

Je dois vous faire un aveu : née en 1984, j’avais 6 ans le 22 juin 1990 lorsque la dernière d’ « Apostrophes » fut diffusée en direct sur Antenne 2… Autant dire que je n’ai pas connu votre première émission… Quant à « Bouillon de culture » retransmise du 12 janvier 1991 au 29 juin 2001 sur Antenne 2 puis France 2, j’étais certes plus âgée mais pas encore attirée par les livres à cette époque… Loin de là. Non, l’homme qui m’aura fait le plus lire, que j’avais rencontré au Salon du Livre de Paris 2013, est votre successeur, j’ai même envie d’écrire « votre héritier » : François Busnel.

En réalité, comme la majorité des jeunes de ma génération, j’ai fait votre connaissance grâce à vos dictées. Ah les célèbres dictées de Bernard Pivot ! Pour combien d’entre nous ont-elles transformé le souvenir du redoutable exercice d’école en un véritable régal jubilatoire ? Vous seul aviez ce don-là ! Bernard Pivot, c’est l’amour pour la langue française et sa transmission.

Notre très chère langue, sa structure, sa complexité, ses accords, ses temps simples et autres, font partie de notre patrimoine français ! C’est d’ailleurs parce qu’elle est difficile qu’elle est belle ! Villers-Cotterêts, ville où naquit Alexandre Dumas le 24 juillet 1802, est aussi et surtout le berceau de notre langue française… C’est dans cette commune de l’Aisne que François 1er, roi de France amoureux des Lettres, signa, en août 1539, l’ordonnance qui intronisa le français comme langue officielle dans tout son royaume, remplaçant l’ancien français. Le Français tel que nous le lisons et l’écrivons aujourd’hui est donc relativement jeune comparé à notre pays, âgé de quelques paires de siècles.

Il y a une question qui ne se posera peut-être pas pour vous immédiatement parce qu’on considérera que vous n’avez pas été « un grand homme » dont « la patrie » pourrait être « reconnaissante » mais j’aimerais l’aborder… Pourriez-vous devenir « candidat » à une panthéonisation ? Même si vos restes demeureraient, comme depuis ce mardi 14 mai 2024, au cimetière de Quincié-en-Beaujolais, une commune située dans le département du Rhône en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le caveau familial où reposent vos si chers parents comme vous le souhaitiez, vous pourriez symboliquement, comme Joséphine Baker, faire votre entrée dans le mausolée des grands Hommes !

C’est toujours émouvant de témoigner du pouvoir qu’ont les livres de relier les passionnés de littérature, qu’ils soient partagés à travers la lecture à haute voix ou par échange d’ouvrages… Alors, cher « Monsieur » Bernard Pivot, encore un très très grand merci pour tous ces moments de communion de votre amour pour « la chose littéraire » et quel plus bel hommage pourrions—nous vous rendre qu’en continuant à lire et à faire une petite dictée de temps à autre ? !

Avec tout mon respect cher « Monsieur » Bernard Pivot.

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »