SEULE EN TETE-A-TETE FACE AUX FUSILLES DU 10 JUIN 1944

Lundi 10 juin 2024

Très chers fusillés du 10 juin 1944,

Le 10 juin 1944 fut l’une des pires journées de l’Histoire de France. Alors que les habitants du petit bourg d’Oradour-sur-Glane, dans le département de la Haute-Vienne, en région limousine, étaient massacrés par la 2ème division blindée SS « Das Reich », à 250 kilomètres de là, se noua une autre tragédie, peut-être moins connue : la vôtre.

Le cadre nous emmène donc en Sologne, dans les fermes du By, de Cerfbois et de Grandbois. Vous viviez alors vos derniers instants. Vous étiez jeunes et, à l’instant même où vous vous étiez engagés dans la Résistance, vous étiez conscients des risques que vous encouriez… Mais vous y êtes allés tout de même.

En 1940, lorsque les hommes d’Hitler arrivèrent en France pour en prendre le contrôle, vous aviez entre 17 et 20 ans. Autant dire que vous aviez la vie devant vous. Mais un homme, un seul ( !), arrivé au pouvoir outre-Rhin sept ans plus tôt, avait décidé de prendre la revanche de l’Allemagne que le traité de Versailles avait humilié en 1919 et de plonger le monde dans une longue nuit noire. Et à commencer par la France. Le 17 juin, le vieux Pétain, personnellement profondément antisémite, annonça à la radio l’Armistice et le 24 octobre, à Montoire, il serra la main d’Hitler, scellant ainsi, deux ans avant la mise en place de la Solution finale, le sort de ses compatriotes juifs.

Issus de milieux différents mais tous conscients qu’il fallait agir pour votre pays, vous étiez douze élèves de Stanislas à prendre cette décision lourde de sens de vous engager dans la Résistance. Clandestinement, dans les caves ou sur les toits du Collège, vous vous êtes préparés au combat avec pour seuls moyens des manuels transmis par Londres… Et, bien sûr, la plupart d’entre vous avaient caché votre projet à leurs parents, ne voulant pas les inquiéter. Ce 10 juin 1944 donc, en route pour renforcer les maquis de Corrèze, vous étiez 41 jeunes résistants parisiens, membres du réseau Thermopyles, promis à une mort certaine mais instantanée, fusillés par la Gestapo à Marcilly-en -Villette (Loiret) ; quinze autres subiront l’épreuve de la déportation et n’en reviendront pas, ainsi que deux propriétaires qui vous avaient hébergés. Au total, 58 victimes.

Vous vous appeliez Jean-Paul André, François Archer, Henri Chavasse, Paul Chavasse, Michel Grosselin, Francis Kermina, Claude Lambert, Jean Martin, Bertrand Meline, Henri-Marc Petit, Pascal de Brunhoff, Jacques Langlois d’Estaintot. Vous étiez douze à être sacrifiés ce samedi-là pour la France, quatre jours seulement après l’espoir qu’avait lancé le débarquement allié sur les plages de Normandie… Parce que les criminels nazis ne supportaient aucun acte de rébellion à leur dictature et, évidemment, encore moins l’idée de se retrouver contraints d’abdiquer au terme d’une guerre de toutes façons déjà perdue…

Alors, vous, les volontaires au réseau « Vélites-Thermopyles » des Forces Françaises de l’Intérieur, merci. Votre Légion d’Honneur, votre médaille de la Résistance et votre croix de guerre 1939-1945, vous les avez bien mérité… Même à titre posthume. Vous qui êtes « morts pour la France »…

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »

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