SEULE EN TETE-A-TETE FACE A « MONSIEUR » NELSON MANDELA

Mercredi 12 juin 2024

Cher « Monsieur » Nelson Mandela,

Je vous ai déjà convoqué le 10 mai dernier pour le 30ème anniversaire de votre investiture en tant que premier président Noir d’Afrique du Sud… Aujourd’hui, je voulais marquer les 60 ans de l’événement le plus marquant de votre vie.

L’une de ces deux mains droites enchaînées mais toujours levées que l’on voit à travers les barreaux de ce fourgon est probablement la vôtre. Nous sommes le 12 juin 1964. Le procès de Rivonia vient de vous condamner à la perpétuité et vous ne devez votre vie qu’au fait que le juge n’a pas estimé prouvée l’intervention étrangère invoquée par le ministère public.

Dès le lendemain, vous vous apprêtiez à passer votre première nuit à Robben Island, une île d’Afrique du Sud, située au large du Cap… Vous n’étiez alors plus « Nelson Mandela » mais le matricule 46664… Vous n’étiez même plus un homme, même de « seconde zone », mais un numéro… Comme les déportés qui arrivaient dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Né à la fin de la Première Guerre mondiale, vous alliez avoir 46 ans le 18 juillet suivant. Sachant aujourd’hui que vous vous êtes éteint à l’âge de 95 ans le 05 décembre 2013, autant dire que le temps promettait d’être long. Peut-être n’auriez-vous pas eu l’espoir de vieillir ? Mais, véritable militant infatigable, jamais vous n’avez abandonné. Parce vous étiez convaincu que votre combat était juste… Et, en effet, il l’était ! Ô combien ! Pour quelle(s) raison(s) un homme « noir » serait-il inférieur à un homme « blanc » ? Qui a décrété en premier cette connerie ? La xénophobie remonterait à l’Antiquité. Difficile donc de poser un nom sur cet abruti.

Pendant tout le temps de votre détention, dans des conditions de vie très difficiles comme ne recevoir qu’une lettre tous les six mois et très peu de visites, pour vous isoler un maximum et ainsi vous dépouiller de votre humanité (puisque ce sont les interactions sociales qui font de nous des Hommes), vous vous êtes levé chaque matin avec une seule motivation : la liberté. La vôtre, bien sûr, celle de vos compagnons de galère, bien sûr, mais pas seulement. N’oublions pas que vous étiez comme un symbole qui représentait « toute une communauté » (que j’ai horreur de ce mot !). Votre incarcération était comme un signal : tous les Noirs d’Afrique-du-Sud étaient destinés à subir le même sort.

Le 11 février 1990, je venais de souffler mes six bougies… J’étais donc loin d’imaginer que le nom de « Nelson Mandela » existait. Pourtant, vous retrouviez la liberté après avoir passé vingt-sept ans en prison. Pour m’en rendre compte, en juin 1964, ma maman n’avait alors pas encore 5 ans et mon papa venait d’en avoir deux… L’apartheid n’allait être officiellement abrogé que l’année suivante, le 30 juin 1991, par le président Frederik de Klerk.

Cher « Monsieur » Nelson Mandela, je ne peux pas vous quitter ce matin comme je le fais à chaque fois, avec le meilleur moment de scène vécu par Johnny Clegg, auteur-compositeur-interprète. Cette surprise que vous avez faite en 1997, à la fin d’un concert à Francfort, à ce musicien, anthropologue et militant sud-africain et surnommé « le Zoulou blanc » en montant sur la scène, en dansant, au bras de la chanteuse qui l’accompagnait.

Avec tout mon plus profond respect cher « Monsieur » Nelson Mandela.

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »

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