SEULE EN TETE-A-TETE FACE A « COLUCHE », MICHEL COLUCCI

Mercredi 19 juin 2024

Très cher « Coluche », très cher Michel Colucci,

Ce qui est magique avec l’écriture, c’est qu’elle permet d’imaginer des rencontres improbables avec des personnes dont nous ne croiserons jamais le chemin, pour une raison ou pour une autre.

J’ai un aveu à vous révéler : ce « Seule en tête-à-tête face à… », j’ai hésité à le faire avec vous, Coluche, ou Albert Ardisson dont la disparition le 15 mai dernier à l’âge de 85 ans a été annoncée par sa petite-fille sur Facebook… Et pis, je préfère consacrer mon temps aux victimes.

19 juin 1986. Je suis certaine que cette date était restée ancrée dans la boite crânienne d’Albert Ardisson. Comment ce chauffeur d’un 38 tonnes était-il arrivé à vivre avec la mort d’un homme d’exception, vous, sur la conscience ? Dans une interview accordée à l’hebdomadaire « Le Petit Niçois » en 2013, il avait confié à ses compatriotes français son traumatisme et sa dépression qu’il avait traversée après l’accident.

41 ans. C’est l’âge que j’aurai en février prochain… C’est aussi et surtout celui auquel la vie vous a été enlevée sur cette route départementale entre Cannes et Opio devenue tristement célèbre. Albert Ardisson ne vous a donné aucune chance ; vous avez succombé sur le coup.

Quelques minutes après l’accident, Albert Ardisson avait réagi au micro de France 3 Côte d’Azur : « Je vous dis qu’il allait très vite », assurant ne pas vous avoir vu l’humoriste. « Faux » avaient tous témoigné vos amis motards qui à leur tour lui avaient reproché d’être resté distant, comme si ça ne le concernait pas, comme s’il n’était pas responsable.

Albert A rdisson avait été condamné le 10 mars 1988 par le tribunal correctionnel de Grasse à 1 000 francs d’amende, soit 150 euros environ… Autant dire qu’il a été acquitté. Acquitté alors qu’il avait été reconnu coupable d’homicide involontaire… !

« Homicide involontaire »… Est-on seulement bien certain de cela ? Albert Ardisson a-t-il été missionné pour vous faire taire ? La seule interrogation à laquelle je n’ai pas la réponse c’est « Comment ? »… Comment Ardisson aurait-il eu la certitude que vous seriez sur cette route de malheur le 19 juin 1986, à cette heure précise, pour que votre assassinat puisse être maquillé en « accident » ?

Avez-vous rencontré Ardisson là-haut ? Vous a-t-il demandé de le pardonner de vous avoir tué après en avoir reçu l’ordre du plus haut sommet de l’Etat ? Existe-t-il un dossier « Michel Colucci » comme un dossier « Daniel Balavoine » classés confidentiels dans des casiers sous verrous dont la clé serait transmise de président à président à chaque passation de pouvoir, avec les codes de l’arme nucléaire française ? Les deux plus « grandes gueules » qui disparaissent à cinq mois d’écart, comment ne pas trouver cela étrange ? Surtout que vous aviez reçu des menaces de mort, des balles et un message : « La prochaine sera pour toi », ce qui vous a décidé de vous retirer de la course à la présidentielle de 1981.

Bien sûr, votre héritage persiste. Bien sûr, votre « grande cantine, gratos » vous a survécu et à prospérer. J’ai envie d’ajouter « Malheureusement ». Mais vous, vous n’êtes plus là. Né le 28 octobre 1944 dans le 14ème arrondissement de Paris, quelques semaines après la libération de la capitale française du joug nazi, vous auriez pu célébrer votre 80ème anniversaire cette année… Comme le débarquement en Normandie le 06 juin dernier…

Avec tout mon plus profond respect très cher « Coluche »…

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »