SEULE EN TETE-A-TETE FACE AU LIVRE

Mardi 23 avril 2024

Très cher livre,

Cette Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, ce 23 avril, est une très bonne excuse pour ce « Seule en tête-à-tête face à… » toi auquel j’ai déjà pensé sans jamais me lancer.

Il me faut passer aux aveux : même si ma maman m’a appris à lire avant même que je n’entre au CP, je t’ai longtemps gardé loin de moi. Et puis, un jour, à l’occasion d’un devoir de français, en classe de terminale, j’ai choisi de présenter l’histoire de Betty Mahmoody à travers son témoignage « Jamais sans ma fille » et ce fut le déclic, un véritable coup de foudre. Si bien que, près de vingt ans plus tard, je conserve encore précieusement un exemplaire de ma copie.

Je crois que je peux écrire que, depuis, tu es devenu « mon meilleur ami ». Certes, tu me fais dépenser beaucoup d’argent mais ce que tu m’apportes est bien plus que ce que tu me coûtes… Grâce à toi, « je m’ouvre l’esprit » et cela n’a pas de prix.

En réalité, je plains tous ceux qui n’auront jamais cette chance d’être contaminés par ton virus. Peut-être que jamais ils ne connaîtront la sérénité que peut apporter un bon livre, la joie de reprendre la lecture là où le marque-page a retenu la précédente coupure. Toutes ces histoires qu’ils ne connaîtront jamais : Carlos Ruiz Zafon, Jacques Expert, et surtout, surtout, Jim Fergus ! Préférer passer des heures avec un auteur au lieu de de  se montrer en société, ce n’est pas forcément être antisocial mais parfois plutôt faire preuve d’intelligence !

Mais lire n’est pas forcément un acte solitaire. Que c’est bon de se retrouver entre passionnés de littérature pour partager tous ces instants comme suspendus de lectures à voix haute ! Le plaisir de retourner au temps où on nous racontait des histoires. N’avoir juste à fermer les yeux et nous laisser porter par la voix du conteur ! Ces moments peuvent être rares mais il existe un autre moyen de partager avec les autres les histoires qu’on a eu tant de difficulté à quitter : prêter voire même acheter un nouvel exemplaire de ces ouvrages pour l’offrir à un proche dont on sait qu’il sera autant ému que nous.

Tu existes depuis des millénaires. Les premiers supports d’écrits semblent remonter entre le IXe et le IVe millénaire avant Jésus-Christ, d’abord sous la forme d’images qui sont devenues des ensembles pictographiques par simplification. De là sont nés ensuite les idéogrammes, puis les signes phonétiques symbolisant des sons (syllabes ou lettres). Et la nouvelle technologie voudrait te remplacer ? Je pense notamment à une application de livres audio en particulier : « Audible ». Qu’en dire ? Désormais, tout est fait pour nous éviter le moindre effort. Même le plus élémentaire. A cause de ces plateformes, les enfants et les adolescents de demain ne sauront plus lire. C’est même déjà le cas : lors des tests de lecture d’entrée en sixième, les élèves doivent lire un maximum de mots en une minute. Ils sont 17 % à ne pas avoir réussi à lire plus de 90 mots en une minute. La faute à qui ? Des parents qui présentent de plus en plus tôt les écrans à leurs enfants pour avoir la paix au lieu de leur donner l’amour de la lecture avant même leur entrée au CP ! C’est juste désolant !

Mais je veux garder espoir : le Prix Goncourt 2023, « Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andrea, se serait vendu à 400.000 exemplaires ! Preuve incontestable que tu n’es pas encore tout-à-fait mort !

Alors, merci, très cher livre. Merci d’exister et de résister ! Comme l’a chanté Frances Gall, « Résiste, prouve que tu existes » !

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »

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