SEULE EN TETE-A-TETE FACE A « MADAME » MIREILLE KNOLL

Samedi 23 mars 2024

Très chère « Madame » Mireille Knoll,

Je ne saurais dire pourquoi mais j’ai ressenti l’envie d’un « Seule en tête-à-tête face à » vous pour ce 6ème « anniversaire » de votre assassinat, ce 23 mars 2024.

Née le 28 décembre 1932 à Paris dans une famille juive, vous n’aviez que 7 ans le 14 juin 1940 lorsque les bottes noires des soldats allemands engagés dans la Wehrmacht hitlérienne claquèrent sur les pavés de la capitale française. Le 24 octobre, en serrant la main du dictateur nazi à Montoire, lui-même profondément antisémite, Pétain scella le sort funeste de ses compatriotes de confession juive.

C’est dans le cadre de ce pacte entre le « héros de Verdun » et le diable en personne que la rafle du Vel d’Hiv’ fut organisée les 16 et 17 juillet 1942. Au total, 13 152 personnes furent arrêtées : 4 115 enfants, 5 919 femmes et 3 118 hommes. Par les gendarmes français qui ont livré aux Nazis plus de victimes que le nombre initialement demandé ; la précision est importante.

Ces jeudi et vendredi funestes pour les Juifs de France, vous, Mireille Kerbel, alors âgée de 9 ans, étiez loin du danger. Votre mère, qui possédait un passeport brésilien, avait réussi à passer la ligne de démarcation et à se réfugier au Portugal. Mais la Shoah, vous aviez tout de même vécu avec tout le reste de votre existence. A 16 ans, vous rencontrez Kurt Knoll, un juif autrichien, rescapé d’Auschwitz. Vous travailliez dans le même atelier de couture. Au début des années 1950, vous l’épousez et lui donnez deux fils, Daniel et Allan.

C’est donc au milieu d’une maman sauvée de justesse de la déportation et d’un papa survivant du plus grand camp de concentration et d’extermination nazi que vos enfants grandirent. On a tous un héritage familial… Eux, ce fut le pire de tous : un crime contre l’humanité. Mais le 23 mars 2018, l’histoire, la petite s’imbriquant dans la grande, rattrapa la petite Mireille Kerbel lorsque Yacine Mihoub l’a lacérée de onze coups de couteau avant de brûler votre corps alors atteint de la maladie de Parkinson dans votre appartement.

Votre principal agresseur, Yacine Mihoub, vous connaissait depuis son enfance. Sa mère habitait le même immeuble que vous, au 30 avenue Philippe-Auguste, dans le 11ème arrondissement de Paris, à quelques rues de la place de la Nation. Vous auriez pu être sa propre grand-mère. Mais son antisémitisme a été plus fort. Vous étiez Juive… Vous deviez mourir.

Continuez à reposer en paix pour l’éternité, comme vous le faites depuis le cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine) depuis le jour de votre enterrement le 28 mars 2018.

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »