« SIMONE JACQUIER » 

Samedi 30 mars 2024

« « SIMONE JACQUIER » »

Sur cette photo, Simone avait 16 ans. Elle venait de passer son baccalauréat, dont les épreuves avaient été avancées au mois de mars en cette année 1944 en raison de l’avancée des troupes alliées et prévision d’un éventuel débarquement.

Quelle beauté avec ses deux tresses et son regard qui capte immédiatement notre attention ! Cette beauté particulièrement éblouissante lui sauvera la vie lorsqu’elle sera à Auschwitz, où une kapo, Sténia, lui dit un jour : « Tu es trop jolie pour mourir ici, je vais t’envoyer ailleurs ».

Le 30 mars 1944, alors qu’elle allait fêter la fin du lycée, elle tombe sur deux agents de la Gestapo en civil. Elle pense que ses faux papiers au nom de « Jacquier » la protègent mais les serviteurs d’Hitler doutent et démasquent la supercherie. C’est direction l’hôtel Excelsior. Elle espère que sa famille est toujours en sécurité chez plusieurs couples de relations et d’amis niçois mais aucun n’échappera à la nasse nazie.

Le père de Simone, André, avait donc eu tort : il ne fallait à aucun moment faire confiance en la France et son gouvernement mené par Pétain. Simone lui avait pourtant bien dit de falsifier leurs papiers d’identité mais André ne comprenait pas ce qui aurait pu les menacer : ils étaient Français, lui-même avait combattu pour la France pendant la Première Guerre mondiale, même si ce ne fût pas longtemps, avant d’être fait prisonnier le 8 septembre 1914 à Maubeuge. Et puis, ils n’avaient jamais rien fait de mal. Alors, pour lui, sa famille ne risquait donc rien. Malgré cette certitude, Simone vivait cachée chez sa professeure de lettres classiques du lycée

Toute la famille Jacob fut déportée. Le père et le seul fils furent envoyés en Lituanie où ils disparaitront tous les deux sans que personne ne sache jamais quel sort leur avait été réservé. La résistante Denise survivra aux terribles épreuves du camp de concentration de Ravensbrück, dans le Brandebourg. Simone, Madeleine et leur mère seront du convoi n°71 du 13 avril 1944 en partance de Drancy pour « Pitchipoï », un nom inventé par les enfants pour désigner cette destination lointaine et inconnue. Direction : Auschwitz, le plus grand complexe d’extermination nazi.

Dans le wagon à bestiaux qui l’emmène vers l’enfer, Simone rencontrera Marceline. Ce sera le début d’une amitié indéfectible. Tous les liens tissés en déportation sont des liens à vie. Tous les survivants l’auront témoigné : l’horreur était à un tel paroxysme qu’elle créait des liens imbrisables. Simone et Marceline, même si elles ont pu peut-être se perdre un temps de vue, sont restées des amies, des sœurs. Et c’est, aussi, en cela qu’elles ont vaincu les criminels nazis, leurs bourreaux.

Cher lecteur, chère lectrice, je vous remercie de votre fidélité et d’avoir consacré quelques minutes de votre attention à la consultation de cet article. Prenez soin de vous comme de ceux qui vous témoignent de toute leur affection… Continuons à nous protéger, à protéger ceux que nous aimons, à protéger les autres et aidons nos soignants à sauver des vies : même vaccinés, restons vigilants aux gestes barrières… Et, puisque je ne peux malheureusement rien faire d’autre pour témoigner toute ma gratitude à ces soldats qui sont en permanence en première ligne : APPLAUDISSEMENTS ! Je vous souhaite de joyeuses fêtes de Pâques, demain dimanche, et à lundi pour mon prochain « petit papier »… !

Jessica NATALINO alias « Plume Libre »,

Portraits de femmes